« DOMINIQUE JOYEUX : RECITS AQUATIQUES »
Lieu d’eau et ses rives. Lieu de la formation d’une réunion décrite depuis des millénaires.
Lieu de charme, de nuances et de combinaisons. Le Palazzo Gallio est le lieu d’exposition idéal pour l’artiste Dominique Joyeux qui s’amuse avec les reflets de l’eau et les ramène à la peinture.
C’est un jeu. Avec la toile, avec les couleurs et avec les techniques. Plutôt que de « cache-cache », j’aime y penser comme un jeu de « capture du drapeau » entre le dessin des couleurs et les lignes qui tentent de les forcer dans un
territoire bien défini.
D’autre part, Dominique Joyeux, également psychothérapeute de formation pour enfants autistes, apporte cette recherche
continue du jeu en unissant les couleurs et les lignes de ses œuvres dans une histoire continue des eaux lointaines.
L’artiste a en effet vécu aux Antilles, dans
les îles du Pacifique Sud et en Corse avant de porter ces expériences sur sa toile.
Le jeu bien-aimé vire au conte de fées lorsque ses mots sensibles accompagnent l’oeuvre : « Quand on croit que tout est perdu, que les coraux crispés se font squelettes, quand nos égoïsmes ont pris la place des êtres vivants, tranquillement, sans faire de bruit, les océans se régénèrent. »
(Dominique Joyeux-Liane océane).
La régénération continue des couleurs dans ses œuvres, d’une forme à l’autre, nous parle d’une recherche minutieuse et systématique de l’artiste vers cette approche chromatique capable de donner vie à notre sentiment.
L’artiste nous laisse repérer la forme qui nous frappe en priorité et dans notre subconscient nous choisissons ce qui correspond le mieux à notre nature. Nous voyons des poissons et des créatures marines, des figures anthropomorphes et des êtres étranges loin de notre entendement, des contes de sirènes et des
constructions sans fin.
Et à partir de ce moment de vision imaginative une
couleur âpre et inattendue se révèle à nous.
Comme lorsque notre adversaire glisse sur notre cuir chevelu dans « capture the flag », les nouvelles couleurs nous amènent à nous réveiller de la paix des tons bleus pour affronter le coup du rouge et du jaune.
Car, au fond, une couleur n’existerait pas sans l’autre, une perception n’aurait pas de sens sans son exact contraire, avec toutes les nuances qui en découlent.
C’est la peinture de l’artiste : une recherche continue du dégradé de couleurs capable de mieux faire ressortir tous les sons.
Traçant les veines lumineuses, Dominique utilise les formes et les couleurs pour exprimer sa perception personnelle du monde parfois onirique, mais en même temps libre au spectateur de devenir lui-même porteur de son rêve artistique.
Ethnique, abstrait, parfois figuratif, libre. Dominique Joyeux nous invite à entrer dans ses œuvres comme s’il s’agissait d’une part d’une description détaillée de micro-organismes que l’on pourrait qualifier d’extraterrestres, et d’autre part comme des orbites d’étoiles lointaines et donc accessibles uniquement à notre esprit.
De l’infiniment petit à l’infiniment petit grand.
Comme dans un jeu, dans lequel le personnage en jeu est le spectateur.



