Ayant vécu aux Antilles, dans l’océan Indien et dans le Pacifique Sud j’ai vu mes désirs se réaliser quand adolescente éprise de poésie, je me ressourçais dans la nature et contemplais l’océan Atlantique, ses lumières et ses orages, espérant pouvoir un jour franchir l’horizon et rencontrer d’autres mondes. Ayant eu cette chance j’ai toujours été proche de cet élément et préoccupée par les modifications dont il est victime mais aussi par les remous qu’il engendre. Sa force m’a inspiré Marina.
Cette puissance se heurte à nos inconséquences. Nos merveilleux océans, infestés par les reliefs de notre civilisation post-industrielle, sont en train de voir dépérir une de leurs plus grandes richesses, les coraux. Il nous faut espérer que les courants marins contribueront à réguler une partie de ce processus et que les hommes deviendront plus sages, c’est le ressenti que j’exprime avec Coraux et Courants.
Les coraux dansant dans la mouvance des océans, leur corps se balance au rythme des marées, leurs couleurs ondoient et réjouissent le regard de celui qui n’hésite pas à les rejoindre en eaux profondes. Mais jusqu’à quand ? Ces êtres fragiles frémissent au contact des matières polluantes qui ont déjà tué une partie de leurs semblables. Ce sont des êtres vivants. Je rêve qu’ils ne se résignent pas et qu’ils puisent assez de force pour se protéger : c’est le sujet de La révolte des coraux.
La vie n’a pas dit son dernier mot. Quand on croit que tout est perdu, que les coraux crispés se font squelettes, quand nos égoïsmes ont pris la place des êtres vivants, tranquillement, sans faire de bruit, les océans se régénèrent : voici Liane océane.
Et n’oublions pas ces miracles : quelques nuits par an, au moment du printemps austral, c’est la ponte des coraux. Ce spectacle émouvant, qui bouscule les légendes anciennes entre fertilité et univers stellaire, m’a inspiré La Fiancée de l’océan.
Et si les océans se révélaient résilients, nous retrouverions l’espoir. Mais d’autres enjeux roulent dans les flots avec ces vies que les éléments n’épargnent pas : là où les coquillages se déposent, là où nos corps se régénèrent, là où la lumière affleure sur les vagues, désormais il nous faudra aussi songer à des destinées plus tragiques, c’est à ces drames humains que je fais référence avec Sur nos plages.
Quand les bouches s’offusquent de tant d’innocence perdue, de tant de vies confiées à l’océan où un destin funeste les rattrape… On aurait voulu que la tempête se calme et que les vagues mourantes déposent les embarcations sur un sable accueillant. Mais je ne sais rien d’autre que le dire et le peindre avec Vague mourante.
Dominique JOYEUX